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Un bilan d'évaluation de l'écriture manuscrite : à quoi ça sert ?

"Un bilan d'évaluation de l'écriture manuscrite est-il vraiment utile ?", se demandent peut-être certains d'entre vous. "Je sais que mon écriture ou celle de mon fils ou de ma fille est à améliorer." "Ne pourrait-on pas s'en passer et "attaquer" directement la rééducation ?" Ces questions sont légitimes. J'y répondrai par deux exemples :

 

Exemple 1. Imaginons que vous ou votre enfant vous soyez blessé(e) au poignet, au bras, à la cheville ou que sais-je... et que cela vous/lui fasse souffrir. Votre premier réflexe sera-t-il d'aller chez le/la kinésithérapeute ou chez l'ostéopathe pour vous/le soulager ? Si c'est le cas, celui ou celle-ci vous conseillera d'abord de consulter votre médecin traitant pour qu'il vous prescrive une radio ou une échographie ou une IRM, etc. Pourquoi ? Pour faire un BILAN DE SANTE. Et cela vous paraîtra tout à fait normal. Ce bilan, cet "état des lieux" en quelque sorte, déterminera la conduite à tenir, c'est-à-dire la prise en charge la plus adaptée à la situation.

 

Exemple 2. Imaginons maintenant votre fils/fille à l'école, au collège, au lycée, en études supérieures... Les contrôles, les évaluations, les examens... qu'ils soient notés ou pas, servent à dresser un bilan des connaissances acquises par l'élève. Sans ces traces écrites ou orales, comment les enseignants peuvent-ils s'assurer que les notions abordées ont bien été intégrées ?

 

 

Un bilan complet pour évaluer l'écriture et les compétences qui lui sont liées

 

La nécessité d'un bilan vous paraît-elle pertinente désormais ? Aucun doute possible ! Un bilan de l'écriture manuscrite est IN-DIS-PEN-SABLE. Parce qu'il n'évalue pas seulement les compétences graphiques, c'est-à-dire la qualité et la vitesse de l'écriture. Il met aussi en évidence d'autres compétences étroitement liées à l'écriture comme la vision, la lecture, la motricité globale, la motricité fine, les repères visuo-spatio-temporels, etc.

 

De nombreuses familles accompagnées pourraient en témoigner :

  • un trouble neurovisuel ou des difficultés de balayage visuel, d'attention sélective visuelle, d'organisation spatiale.... risquent d'avoir des répercussions néfastes sur l'écriture. Les dépister permettra d'orienter la personne concernée vers un spécialiste (ophtalmologue ou orthoptiste) avant la rééducation de l'écriture proprement dite ;
  • des difficultés de concentration peuvent rendre l'écriture très irrégulière et instable. Les repérer donnera lieu à la  consultation d'un/e neuropsychologue, par exemple, qui diagnostiquera l'existence ou non d'un trouble de l'attention (TDA/H). Dans l'affirmative, un suivi pourra être mis en place avant ou en parallèle de la graphothérapie selon les cas ;
  • si des difficultés de lecture sont observées, se traduisant par exemple par des problèmes de conversion entre phonèmes (sons) et graphèmes (lettres), une rééducation orthophonique sera fortement recommandée ;
  • une mauvaise coordination motrice ou des difficultés de régulation tonique gêneront la tenue du crayon ainsi que la bonne mise en place du geste graphique, ce qui peut nécessiter l'aide d'un(e) psychomotricien(ne) ou d'un(e) ergothérapeute ;
  • des difficultés affectives liées, par exemple, à la peur de grandir, à la mauvaise estime de soi ou à l'hypersensibilité, seront à travailler avec l'aide d'un(e) psychologue.

 

Le bilan : le considérer comme une richesse plutôt que comme un coût

 

Alors, oui, le bilan de l'écriture manuscrite est ESSENTIEL. Il m'a permis, souvent, de suspecter des difficultés visuelles chez certains enfants qui, si elles n'avaient pas été mises en évidence, n'auraient peut-être pas pu être rééduquées, ou trop tardivement, ce qui aurait gêné tous les apprentissages, scolaires et au-delà. Idem pour les difficultés d'attention, de langage écrit, de motricité globale et/ou fine, de repérage visuo-spatio-temporel... observées.

 

Dépister des difficultés au-delà de la graphie, grâce au bilan de l'écriture manuscrite, offrira un gain de temps dans la prise en charge. Parce que l'on va s'attaquer à l'origine du problème directement plutôt qu'à ses conséquences. La rééducation de l'écriture n'en sera, par la suite, que plus efficace. Alors, oui, le bilan de l'écriture manuscrite a un coût pour les parents. Mais il y aura un retour sur investissement :

  • les enfants qui auront une meilleure vision et traiteront mieux l'information visuelle amélioreront la qualité de leur copie par exemple ;
  • les enfants qui liront plus facilement omettront et inverseront moins les lettres, feront moins d'erreurs orthographiques, ce qui générera une meilleure compréhension, facilitera la programmation motrice et augmentera la vitesse d'exécution ;
  • davantage d'aisance sur les plans de la motricité globale et de la motricité fine rendront le geste graphique plus fonctionnel ;
  • une plus grande estime de soi favorisera l'engagement et les progrès tout au long de la rééducation ;
  • etc., etc.

 

Vous l'aurez compris : dans ma pratique, l'intérêt du bilan de l'écriture manuscrite s'impose comme une évidence.

 

Pour vous, c'est le moment de passer à l'action, c'est-à-dire de prendre rendez-vous

en cas de difficultés d'écriture manuscrite.

 

Vous serez ainsi fixés sur les causes du problème afin de mettre en place un ou des accompagnements adaptés,

en concertation avec d'autres professionnels si besoin.